L’agriculture intégrée : entre agriculture intensive et agriculture biologique

L’agriculture intégrée : entre agriculture intensive et agriculture biologique


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Souvent confondue avec l’agriculture raisonnée, l’agriculture intégrée est un tout autre modèle de production agricole. Elle se situe à mi-chemin entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique. Même si elle existe depuis des années, elle reste méconnue des agriculteurs et des consommateurs, pourtant en droit d’exiger des produits plus sains et plus respectueux de l’environnement. Voici ce qu’il faut savoir sur ce mode de culture.

Qu’est-ce que l’agriculture intégrée ?

Qu’est-ce que l’agriculture intégrée ?

L’agriculture intégrée est un système de production qui vise à réduire au minimum le recours aux intrants extérieurs. A la place, on privilégie des techniques qui se rapprochent le plus possible des processus naturels.


Pourquoi ce retour à la nature ?

Au cours des 50 dernières années, l’univers de l’agriculture a subi un gros changement visant à augmenter les rendements. Alors que nos grands-parents produisaient, grâce à leur système traditionnel, une quantité quand même appréciable de produits, la chimie a permis aux agriculteurs modernes de multiplier cette production par deux. Pour permettre cela, de nouvelles techniques ont été développées grâce aux recherches scientifiques.

Ainsi, de nouvelles variétés de plants sont apparues, de nouveaux outils et machines toujours plus performants ont débarqué et une importante variété d’intrants extérieurs a commencé à être utilisé. Il faut reconnaître que c’est surtout ces intrants chimiques qui ont permis d’augmenter les rendements. Toutes les techniques qui s’y rattachent et qui sont appliquées dans le cadre de l’agriculture intensive sont dites conventionnelles.

Même si elles se montrent performantes, elles génèrent de nombreux méfaits sur l’environnement puisque les intrants utilisés détruisent les sols, polluent les eaux et l’air et rendent les produits peu sains pour la santé. Face à cela, les écologistes ont développé une technique agricole contradictoire : l’agriculture biologique.

Cette dernière se veut beaucoup plus respectueux de l’environnement puisqu’elle éloigne l’utilisation de tout produit chimique. Il va de soi que les rendements sont plus bas, mais les produits sont plus sains que ce soit pour les consommateurs que pour l’environnement. Pour essayer de trouver un compromis entre les deux, la notion de lutte intégrée est apparue.

Sur quoi repose cette notion de lutte intégrée en agriculture ?

Sur quoi repose cette notion de lutte intégrée en agriculture ?

L’utilisation d’intrants chimiques en agriculture a plusieurs objectifs dont la lutte contre les ravageurs. Dans les années 50, on a commencé à instaurer une lutte biologique afin de réduire l’usage de produits chimiques. Petit à petit, cette notion de lutte biologique a donné naissance à la notion de lutte intégrée.

Cette dernière consiste à associer les traitements chimiques à des traitements biologiques. Ainsi, on réduit les ravages de l’agriculture sur l’environnement tout en limitant les coûts économiques.

En 1955, l’Organisation Internationale de Lutte Biologique et intégrée (OILB) instaure la notion de protection intégrée. Cette dernière met en place des méthodes préventives afin de limiter le recours aux traitements contre les ravageurs. Cela signifie que dès le début, on met en place des techniques qui visent à repousser naturellement les ravageurs. Cela a permis de réduire encore davantage le recours aux intrants chimiques.

En 1970, l’OIBL parle de protection agricole intégrée. Les nouvelles techniques développées sont appliquées à l’agriculture pour instaurer une agriculture viable sur le long terme. De là est apparue l’agriculture intégrée. Elle est à la fois viable d’un point de vue économique tout en étant respectueuse de l’environnement.

Attention, il ne faut pas la confondre avec l’agriculture raisonnée même si elles partagent certaines bases.

Quelle est la différence entre agriculture intégrée et agriculture raisonnée ?

Les deux visent à mieux respecter l’environnement, mais elles ne partagent pas certaines notions.

L’agriculture raisonnée encourage les exploitants à mieux tenir compte de l’environnement. Elle s’oppose alors à l’agriculture intensive et est appliquée dans le contexte du développement durable. Alors que l’agriculture intensive exploite au maximum toutes les ressources sans tenir compte des dégâts, notamment sur le sol, l’agriculture raisonnée entend préserver ces ressources pour qu’elles puissent être utilisées par les générations à venir. Qu’est-ce qui la différencie alors de l’agriculture raisonnée ?

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Leur principale différence concerne l’usage de produits chimiques. L’agriculture raisonnée en utilise, mais en tenant compte du seuil de tolérance des cultures tandis que l’agriculture intégrée souhaite simplement en réduire l’utilisation. Elle n’y a recours que lorsque les autres techniques ont puisé leurs limites.

Quels sont les objectifs de l’agriculture intégrée ?

Quels sont les objectifs de l’agriculture intégrée ?

Contrairement aux autres systèmes agricoles, l’agriculture intégrée mise sur le côté préventif que curatif. En ce sens, les techniques mises en œuvre sont pensées, dès le départ, pour réduire les risques sur l’environnement et sur la santé.

Autrement dit, son objectif n’est plus de lutter contre des ennemis après leur invasion, mais d’ériger un rempart pour que justement, ces ennemis n’arrivent pas à toucher les cultures. On promeut alors la notion de « protection » que de « lutte ».

Quelles sont les techniques phares de l’agriculture intégrée ?

Située entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique, l’agriculture intégrée n’a pas de cahier de charges précis. Ses techniques varient d’un pays à l’autre et parfois même d’un agriculteur à l’autre. Le principe de base reste toutefois la même à savoir la réduction, à minima, de l’usage de pesticides.

Parmi les techniques les plus utilisées en matière d’agriculture intégrée, on peut citer :

  • La culture d’espèces et de variétés plus tolérantes et robustes
  • Des semis moins dense
  • Des rotations plus longues
  • Le contrôle biologique
  • Le désherbage mécanique et le binage
  • La mise en place de zones tampons pour protéger les eaux des pesticides …

L’agriculture intégrée ne compte pas une, mais plusieurs techniques. Il revient à chaque agriculteur de déterminer celles qui se montrent les plus efficaces pour son exploitation. La seule certitude c’est qu’il est faut associer plusieurs leviers pour obtenir des résultats positifs.

Quant aux intrants, il n’est dit nulle part que l’agriculture intégrée les rejette totalement. Elle peut très bien en utiliser, mais à petites doses et seulement lorsque toutes les autres techniques ont montré leurs limites.

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Quels sont les enjeux de l’agriculture intégrée ?

Quels sont les enjeux de l’agriculture intégrée ?

La mise en pratique de l’agriculture intégrée repose sur trois enjeux majeurs :

  • D’un point de vue technique : elle met en place différents leviers agronomiques pour remplacer les intrants c’est-à-dire les produits phytosanitaires et les engrais
  • D’un point de vue environnemental : elle réduit les méfaits des intrants sur l’environnement et la santé des consommateurs
  • D’un point de vue économique : elle réduit la quantité d’intrants tout en maintenant le rendement. Résultat, les charges sont réduites tandis que les marges augmentent

Pa conséquent, il ne faut plus voir en cette forme d’agriculture une alternative, mais une prévention visant à limiter dès le début les risques de maladies, de verse, d’adventices …

Quels sont les avantages de l’agriculture intégrée ?

L’agriculture intégrée procure de nombreux avantages :

  • Elle réduit la quantité de pesticides disséminées dans la nature ce qui réduit la pollution du sol, des eaux et des airs. Cela rend également les produits plus sains et plus goûteux. Leur qualité se rapproche de celle des produits biologiques
  • Elle protège l’environnement et limite ainsi la destruction de la microfaune et de la structure des sols. Notez que les techniques de cette forme d’agriculture ne travaillent le sol qu’en superficie par le biais du « mulch ». cela signifie que le sol n’est pas retourné, mais qu’on mélange de la terre et de la paille pour le rendre plus fertile
  • Elle réduit le nombre de passage sur les parcelles ce qui réduit aussi la quantité de carburant utilisé.

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